Episode 90 : Les énervés dérivent vers le musée de la médecine à Rouen...
Du 19 novembre 2023 au 2 juin 2024 vous allez pouvoir retrouver nos Princes mérovingiens au Musée Gustave Flaubert, musée de la médecine à Rouen dans le cadre de l'exposition : Miroirs de la Seine chez Flaubert et au delà. La 11ème saison du temps de collections a en effet cette année la Seine comme fil rouge dans tous les musées de l'agglomération. Tout naturellement nos navigateurs vont y faire escale !
Voici en exclusivité un tout petit avant goût de cet événement :
une video de l'accrochage au 51 rue Lecat à Rouen en présence de Sophie Demoy-Derot responsable des collections du musée Flaubert.
Voici le texte écrit à l'occasion de cette exposition par Jean-Baptiste Chantoiseau, directeur des musées littéraires, conservateur du patrimoine :
QUAND LES ÉNERVÉS CRÈVENT L’ÉCRAN
Le tableau Les Énervés de Jumièges (après 1880) du peintre Évariste-Vital Luminais (1822-1896) a connu en 1986 une résurrection cinématographique inattendue… Après une dizaine de court-métrages et des recherches nourries sur cette œuvre iconique, le réalisateur Claude Duty (né en 1946) se lance dans l’écriture et la réalisation d’un film de 19 minutes environ, qu’il tourne en 35 mm et au format scope.
Il s’agit moins pour lui de mettre en images la légende des Énervés que de proposer une invitation au voyage dans une atmosphère fluviale noire et poétique. Aucun dialogue, sinon des cris retentissants, comme pour mieux atteindre le cœur d’un drame qui laisse sans voix. Reflets sombres de la Seine, branches d’arbres morts, sons fluviaux et musique synthétique offrent une symphonie symboliste et moderne au charme déroutant.
Les sauts temporels – lumières urbaines sur l’eau et final au musée des Beaux-Arts de Rouen là où le récit aurait dû se cantonner à l’époque médiévale – soulignent la capacité des mythes et des images à toucher par-delà les époques.
Bien avant Dead Man (1995) du cinéaste américain Jim Jarmusch (né en 1953), qui s’achève par une lente dérive sur l’eau à bord d’une embarcation de fortune, Claude Duty entraîne son public « loin d’ici » pour vivre une expérience esthétique et contemplative, à l’écart des rivages trop familiers. Le fleuve comme l’art s’affirment ici comme source essentielle de dépaysement, de questionnement mais aussi d’apaisement.
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